Avec le confinement, animaux et plantes sauvages ont bénéficié de deux mois de tranquillité, une période de calme au cœur du printemps que la nature n’avait pas connu depuis des décennies. A Kerleven, les plantes sauvages (pourpier, panicaut, oyat... ) se sont développées sur la plage et les oiseaux du littoral ont profité du calme retrouvé. Le vent a reconstitué une partie de la dune. C’était très visible sur le haut de plage où le sable éolien, retenu par la nouvelle végétation, s’est déposé en couches ténues et fluides.
Chez les humains cloitrés, certains, notamment ceux qui ont une attention particulière à la nature, ont observé à quel point faune et flore s’épanouissent bien davantage quand elles sont à l’abri du piétinement, même involontaire, des promeneurs.
Bref, ces deux mois inédits de non-fréquentation des plages ont permis le développement d’un environnement naturel comme on ne l’avait plus vu au moins depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, environnement qu’il aurait été intéressant d’étudier, de répertorier, et de préserver autant que possible par des aménagements et par l’information et l’éducation des promeneurs et des vacanciers qui, quoi qu’en pensent certains, sont de plus en plus nombreux à être sensibles au respect de la faune et de la flore.
Hélas, cet environnement naturel en cours de régénération a été anéanti en une matinée par deux tracteurs des services d’entretien de la commune. La totalité de la plage a été ratissée, les tracteurs passant au ras des potelets protégeant la dune là où il y en a, et labourant consciencieusement toute la largeur de la plage là où il n’y en a pas. Plantes arrachées, sable éolien enfoui au sein du sable marin, faune écrabouillée… La plage est « nettoyée », égalisée, homogénéisée. Non seulement toute la vie qui s’était développée ces deux derniers mois est morte, mais plus globalement, l’environnement de la plage est dé-naturé, au sens littéral du terme.
Il reste un grand bac à sable bien criblé, pour poser sa serviette de bain et faire des pâtés de sable… une vision complètement dépassée des vacances à la mer, datant de l’époque révolue des « trente glorieuses », où il était courant de garer sa bagnole sur la dune, sans que personne ne réalise alors à quel point c’était aberrant.
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